Jura Pastoral

« A Bienne, j’ai été un prêtre heureux ! »

Prêtre depuis 70 ans, il aura bientôt 100 ans ! Entre 1970 et 1987, il a été vicaire et curé de la paroisse du Christ-Roi. Oui, c’est bien lui : l’abbé Michel Prêtre !

Il y a des êtres qui vous tatouent le cœur et l’esprit. L’abbé Michel Prêtre est l’un d’entre eux. Enjoué, vif, passionné de Dieu, des gens et de la vie, il transmet une énergie et une joie débordantes. Sa vivacité, sa fraîcheur, sa mémoire n’ont pas pris une ride. Et pourtant, le 9 décembre prochain, il aura cent ans !

Abbé Prêtre, comment vous sentez-vous ?

Bien ! Je me suis épanoui au fil de mon parcours. Le monde que j’ai rencontré ma éduqué et m’a montré mon chemin de bonheur. J’ai eu la chance d’avoir une bonne santé. Et d’avoir ma sœur Brigitte, qui a son appartement à côté du mien, et qui me prépare de bons petits plats. J’aime la vie et les bonnes choses.

Est-ce la prêtrise qui conserve ?

Je dirais plutôt que c’est l’amour. Là où l’on aime, tout va bien. Quand l’amour s’approfondit, il communique des énergies. Les relations sont primordiales. Elles ne sont pas simples, mais il faut les mettre en valeur. Sommes-nous capables de faire aboutir, en nous et autour de nous, des relations vibrantes d’amour, de justice et de paix ? Et puis, ce qui m’a toujours semblé important aussi, c’est d’entretenir son esprit, de se cultiver sans cesse. Je l’ai fait d’année en année auprès des Pères jésuites. Mes activités d’éducateur m’ont aussi aidé ; j’avais les nerfs solides ; j’étais un bon sportif. Bien sûr, comme tout le monde, j’ai aussi connu des moments noirs. Mais j’ai chaque fois repris mon Evangile et poursuivi mon chemin.

Quels souvenirs gardez-vous de Bienne ?

A l’époque où j’étais curé à Christ-Roi, on entendait souvent ceci « Il y a au moins deux prêtres qui s’entendent bien à Bienne : les abbés Stanislas Wirz et Michel Prêtre » Nous nous complétions bien, Stani et moi. Chacun faisait un effort linguistique. Les tâches étaient nombreuses. Il n’y avait pas de sacristain. Je donnais environ douze heures de caté par semaine. Le soir, j’allais dans les blocs locatifs visiter des familles. Le quartier de Mâche était alors en pleine expansion.

Les anciens jeunes se rappellent de vos innovations…

J’ai eu l’idée de projeter des diapos, des bouts de films ou d’émissions, de mettre sur pied des activités ludiques (baby-foot, tournées de ping-pong, chants rythmés…). C’était également le début des messes des familles. Il faut rester créatifs ! J’avais mon petit orchestre et je préparais les chants. On avait un batteur extra ! Je voulais que les gosses s’enthousiasment pour le Christ et pour le caté . Mon souci, c’était d’être présent.

Que vous ont apporté ces enfants ?

Ils m’ont beaucoup appris. Les jeunes nous bousculent et nous incitent à nous mettre continuellement en mouvement. Savez-vous quel est le meuble le plus important d’un appartement ? La table. Qui accueille, réunit, recentre, relie. Et qui, bien sûr, nous renvoie à la Table du Jeudi saint. Notre responsabilité est de faire en sorte que ceux et celles que nous rencontrons trouvent leur place à la table du Christ.

Vous avez donc vécu une expérience heureuse ?

Oui. A Bienne, j’ai été un prêtre heureux. J’ai eu la chance de ne pas avoir de tradition. Quand je suis arrivé, Christ-Roi existait depuis peu. J’ai aussi eu la chance de vivre de magnifiques collaborations. Notamment avec mon confrère alémanique de Christ-Roi, l’abbé Stanislas Wirz (1921-2009). Je me disais : « ce que je ne sais pas, eh bien, je vais l’apprendre ! ». On se débrouillait très bien.

Est-ce que le Covid, la vieillesse et la mort vous effraient ?

Je suis beaucoup à la maison ; les risques d’attraper ce virus sont donc faibles. Et puis, la vieillesse est une chose tout à fait normale : toute vie a une fin. Quant à la mort, elle ne me fait pas peur puisque je sais où je vais, vers ce Père qui m’attend.

Votre mot de la fin ?

J’ai été fidèle aux réalités de la vie. Préparé ou non, j’ai toujours dit oui aux situations qui se présentaient à moi.

Propos recueillis par Christiane Elmer

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