Grotte de Sainte Colombe

Située sur la rive gauche de la Sorne, à proximité de la route qui relie Delémont aux gorges du Pichoux, la grotte Sainte-Colombe se niche dans un décor à la fois sauvage et apaisant. À quelques pas d’Undervelier, ce site naturel s’ouvre par un porche impressionnant sur une salle de 30 mètres creusée naturellement dans la roche. Au cœur de ce cirque de verdure, entre forêts jurassiennes et pitons calcaires, une source y jaillit, rappelant que ce lieu fut autrefois habité dès la fin du néolithique, comme l’ont révélé les fouilles menées en 1942.

Déjà mentionnée au XIIIe siècle, la grotte est un lieu de pèlerinage chrétien profondément enraciné dans l’histoire spirituelle jurassienne. Selon une tradition locale, Sainte Colombe, princesse d’Espagne convertie au christianisme, y aurait séjourné dans une quête de solitude et de contemplation, avant de poursuivre son chemin vers Sens, en France, où elle aurait subi le martyre vers l’an 274. À mi-chemin entre histoire et légende, certains récits évoquent même la présence d’un ours protecteur, fidèle compagnon de la sainte.

Depuis plusieurs siècles, les malades, les mères d’enfants fragiles, les fidèles en recherche d’un apaisement viennent ici se recueillir. Certains témoignages rapportent des guérisons ou des transformations intérieures profondes. Le curé Membrez écrivait déjà en 1938 que des personnes estropiées étaient reparties de la grotte « capables de marcher ».

Chaque 15 août, lors de la fête de l’Assomption, le site prend vie:

plus de 200 malades venus des hôpitaux du Jura sont accueillis pour une célébration en plein air, avec l’appui des bénévoles, des paroisses et de la Bourgeoisie locale. Une messe, un apéritif, et un temps de partage font de cette journée un rendez-vous spirituel fort, souvent qualifié de « petit Lourdes jurassien ».

À l’intérieur de la grotte, une atmosphère de silence et de recueillement règne. On y trouve bougies, billets, chapelets, laissés par des pèlerins touchés. André Simon, gardien des lieux, assure l’entretien avec fidélité. Il trie les objets de dévotion, tond l’herbe, et veille à la beauté du lieu. Les dons déposés dans les troncs servent à financer l’entretien de la grotte et de son mur extérieur, construit en 1940.

Outre la fête du 15 août, d’autres célébrations y ont lieu : la Chandeleur, des messes sur demande (notamment de communautés portugaises ou espagnoles), et parfois, plus rarement, des mariages, bien que la pénombre ambiante limite cette pratique.

Plusieurs hypothèses coexistent quant à l’origine du nom et du lieu :

• Une tradition chrétienne, selon laquelle Sainte Colombe aurait réellement séjourné à Undervelier ;
• Une origine celtique, où la source aurait été un lieu de culte païen des Rauraques, remplacé ensuite par un culte chrétien ;
• Une confusion possible avec Colomban, moine missionnaire irlandais, dont le nom aurait été féminisé par erreur ou par influence de traditions locales.

La grotte Sainte-Colombe fait partie de ces lieux de pèlerinage moins connus de Suisse, mais riches d’une foi populaire simple, vivante et profonde. Elle reste un symbole de recherche intérieure, de force dans la fragilité, et de solidarité dans la prière.