Des équipes au service des communautés

Il y a 10 ans de cela, en 2016, il existait au Jura pastoral 70 paroisses canoniques (souvent correspondantes aux communes ecclésiastiques) réparties en 15 entités pastorales appelées Unités pastorales. En 2026, avec la mise en place des Espaces pastoraux et la création de paroisses nouvelles comme c’est le cas en Ajoie – Clos du Doubs depuis quelques années, il restera 25 paroisses canoniques réparties en 5 Espaces pastoraux: Ajoie – Clos du Doubs / Delémont-Moutier / Franches-Montagnes / Pierre-Pertuis / Bienne – La Neuveville.

Plusieurs facteurs provoquent ces changements importants d’organisation. Un d’entre eux est lié à l’évolution des ressources professionnelles au service de l’Église. En 2016, il y avait 85 professionnels de moins de 65 ans au service du Jura pastoral dont 30 prêtres. En 2026, il y aura 61 professionnels de moins de 65 ans dont 20 prêtres. En 2036, selon les perspectives actuelles, il restera 28 professionnels de moins de 65 ans dont 7 prêtres.

Pour beaucoup, ces statistiques peuvent sembler affolantes et décourageantes. Comment continuer à faire ce qui était possible en 2016 avec 85 professionnels, en 2036 avec 28 professionnels. D’autant plus qu’il est des missions pastorales qui sont incompressibles. Il y aura toujours des croyants à accompagner, des enfants à baptiser, des funérailles à célébrer. D’aucuns y voient une crise des vocations majeure qui n’est pas l’unique cas du Jura pastoral. D’autres y perçoivent une crise des communautés qui n’arrivent plus à être suffisamment appelantes pour se renouveler sereinement.

Depuis plusieurs années, les autorités en responsabilité dans le Jura pastoral y voient un signe d’espérance vers un nouveau modèle de vie ecclésiale à inventer. Un modèle où les agents pastoraux ne seraient plus au centre de l’organisation pastorale mais en soutien d’une vie communautaire portée par la communauté elle-même. L’avenir et le mouvement induit par les défis relevés année après année nous poussent dans cette perspective de communauté de croyantes et de croyants autonomes, soutenues par des professionnels qui se mettent au service de l’élan local.

Si le mouvement c’est la vie, alors pour ne pas mourir, nous sommes invités à poursuivre le mouvement et à nous réjouir de ce qui sera induit par ces changements majeurs. Il serait terrible pour l’élan de foi de rester figé sur tous les deuils de ce qui ne sera plus et qui nous empêcherait d’envisager tout ce que ce mouvement de changement nous invite à vivre. La période COVID nous a obligé à un arrêt sur image. C’était une période pastorale magnifique pour faire naître, par la créativité des croyants, quantité de présences d’Église nouvelle au monde dans la tourmente. Au moment de la fin de la pandémie, nous nous sommes naturellement précipités à refaire ce que nous savions si bien faire en oubliant peut-être ces élans nouveaux issus de la crise.

Toute crise est un appel à faire face à des défis et à relever des opportunités. L’avenir de notre organisation pastorale nous invite à éviter le danger du fatalisme et du pessimisme, des attitudes inexistantes dans la vie évangélique du Christ, pour nous ouvrir aux opportunités de l’enthousiasme et de l’optimisme, constitutives de la figure du Christ telles qu’on les retrouve dans les évangiles. Ainsi, nous pourrons inventer, dans l’espérance, l’Église d’aujourd’hui et de demain. Soyons dans la confiance et rappelons nous que c’est le Christ qui doit être au centre de notre organisation pastorale.

Yannis Cuenot
Adjoint des délégués épiscopaux
pour le personnel