Jura Pastoral

Nomination des chanoines d’honneur de Saint-Maurice

Aujourd’hui Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), et Mgr Denis Theurillat, évêque auxiliaire du diocèse de Bâle, sont nommés chanoines d’honneur de l’Abbaye de Saint-Maurice. Nous nous sommes entretenus avec eux. Les interviews ont été réalisées en collaboration avec le diocèse LGF et sa responsable de la communication, Mme Laure-Christine Grandjean.

 

Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg,

et Mgr Denis Theurillat (à gauche), évêque auxiliaire du diocèse de Bâle

Interview avec Mgr Farine

Mgr Farine, quels liens entretenez-vous avec l'abbaye de Saint-Maurice ?

Des liens d’amitié, de reconnaissance. Quand à 20 ans on a sa maturité en poche, on est content de l’avoir et on est pressé de passer à autre chose. J’avais hâte de réaliser mon rêve : devenir prêtre du diocèse de LGF. C’est par la suite seulement que je découvre petit à petit tout ce que j’ai reçu à l’abbaye : une formation tous azimuts : spirituelle, philosophique, humaniste, chrétienne, intellectuelle, artistique, littéraire, scientifique. Je suis impressionné par la tradition musicale de l’abbaye. Je sais maintenant que les chanoines ont déposé en moi beaucoup de choses que je n’aurai pas le temps d’explorer. Ça a été un temps très important pour moi de structuration de ma personne. Et c’est toujours avec tendresse que j’évoque mes profs, chanoines et laïcs. D’où une immense reconnaissance. Et puis j’aime retourner à l’abbaye. Je garde en particulier un contact personnel avec son abbé Joseph Roduit, compagnon d’étude et membre de la Conférence des évêques suisses. Et les membres de la communauté.

Quelles sont les tâches d’un chanoine d’honneur ?

Etre chanoine d’honneur n’entraîne pas de charges particulières, sinon celle de l’amitié fraternelle et la communion en Christ. Les chanoines honoraires sont honorés par l’abbaye parce que ce sont des proches. Les chanoines d’honneur honorent l’abbaye : je suis fier d’honorer l’abbaye, mais j’ajoute de suite que l’abbaye m’a honoré en premier par tout ce que j’ai reçu d’elle.

Quelle importance revêtent les abbayes en Suisse ?

L’abbaye est un lieu important pour nous : c’est un lieu de prière avant tout. 15 siècles de prières ininterrompues, c’est admirable. Prier à l’abbaye, c’est entrer dans une immense chaîne de priants qui au jour le jour ont offert leur louange à Dieu.  C’est aussi un lieu de rayonnement humain et chrétien.

En quoi saint Maurice vous touche-t-il ?

Saint Maurice et ses compagnons sont les initiateurs de cette prière. Nous en faisons mémoire, car ils sont des témoins de la foi. Ils parlent aujourd’hui encore par leur courage, par le don de leur vie.

Interview avec Mgr Theurillat

Que signifie pour vous votre nomination en tant que chanoine d’honneur de l’abbaye de Saint-Maurice ?

Une belle surprise. Je ne m’attendais pas du tout à être ainsi reçu à l’abbaye.  En même temps, une joie toute particulière, car je suis un ancien élève de Saint-Maurice. Donc il y a un lien qui s’est établi entre ce lieu et moi-même. Et bien sûr, je me réjouis, en étant accueilli comme chanoine d’honneur, de pouvoir «  honorer » l’abbaye. Je suis donc heureux et reconnaissant d’avoir été choisi pour cette mission.

Quelles sont les tâches d’un chanoine d’honneur ?

Une première tâche consiste, je pense, dans une attitude à vivre vis-à-vis de l’abbaye : une attitude d’ailleurs correspondant à celle que j’ai toujours eue.  En effet, je ne peux avoir que  des sentiments de respect, d’admiration et  de reconnaissance vis-à-vis d’un tel lieu, et avant tout vis-à-vis des chanoines, qui ont une mission si grande à jouer dans l’Eglise et dans le monde. Une deuxième tâche : que je puisse me rendre de temps à autre à l’abbaye, lors de grands événements ou lors de fêtes, telle que la fête de Saint-Maurice. Et qui sait peut-être même pour quelques jours de retraite. Une troisième tâche me tient aussi très à cœur, que j’aurais pu citer au début : se porter et se sentir unis dans la prière, qui nous relie au Seigneur et entre nous.  Une quatrième tâche aussi très enrichissante : j’aurai de l’intérêt à rafraîchir ma mémoire au sujet de la grande et longue histoire de l’abbaye.

Quels liens entretenez-vous avec l’abbaye de Saint-Maurice ?

Cette question me permet d’expliciter un peu plus ce que j’ai dit plus haut. A Saint-Maurice, j’ai fait ma maturité. C’était en 1970. Le Jurassien que je suis était interne et logeait dans un foyer d’étudiants, appelé le foyer Jean XXIII. En ce temps-là se sont nouées des relations avec d’autres étudiants et aussi ou avant tout avec les chanoines, dont beaucoup d’entre eux enseignaient au Collège. Même dans ma classe se trouvait un tout jeune chanoine, étudiant comme nous, lequel rayonnait par sa présence. Comme je ne rentrais pas le week-end, je me souviens que, chaque dimanche matin, je participais à la messe à la Basilique. C’était toujours pour moi une merveilleuse matinée. Puis, plus tard, je retournais à Saint-Maurice et parfois j’allais volontiers saluer l’un ou l’autre chanoine. Ce n’était pas souvent, c’est vrai. Toutefois, j’aimais et j’aime  retrouver cette ambiance qui m’a marqué et me rappelle des souvenirs inoubliables. Enfin, depuis le moment où je suis membre de la Conférence des Evêques Suisses, j’y rencontre le Père-Abbé Joseph Roduit de l’abbaye. Alors les échanges ne manquent pas. Je pense que chaque fois, je lui demande «  Comment va l’abbaye ? » ou «  comment vont les chanoines ? » Ou « comment va tel ou tel chanoine ? »

Quelle importance revêtent les abbayes en Suisse ?

Evidemment une toute grande importance, dans le sens où une abbaye a une histoire, Elle a surtout un fondateur/ une fondatrice. Il s’agit d’un témoin de Dieu, qui a marqué, de sa foi, un lieu ou/et des personnes et qui a donné alors naissance à  un lieu de prière et d’actions. A travers des siècles – et à Saint-Maurice depuis bientôt 1500 ans – des hommes de prières et d’actions témoignent de leur vie de foi, d’amour et d’espérance. Et dans tant d’abbayes, que je connais ou que je ne connais pas, il en est ainsi. Quel témoignage de vie à travers les siècles, en traversant tous les beaux et les moins beaux moments. Les abbayes sont pour moi des lieux tellement visibles de la présence de Dieu. Ils nous disent que des hommes ou des femmes y vivent, en s’efforçant de réaliser, au fil des jours, une communauté de vie fraternelle, dans la prière et dans le travail. Elles nous disent aussi que pour nous, qui n’y vivons pas, il vaut la peine de nous arrêter, pour respirer spirituellement et reprendre de nouvelles forces, en approfondissant notre foi, qui, aujourd’hui, est exposée à tant de courants divers et confrontée à tant de situations de toutes sortes.

Comment voyez-vous leur avenir ?

Une chose est sûre : personne n’est maître de l’avenir. Nous ne savons pas ce dont sera fait demain. Il faut faire confiance et on peut faire confiance, quand on sait que l’on est dans la main de Dieu. Dans ce sens-là, l’avenir est là devant nous à entrevoir avec une grande paix intérieure. Demeure cependant la question, qui concerne non seulement les abbayes, mais aussi tant de communautés religieuses et nos diocèses : «  Comment pouvons-nous nous aider les uns et les autres à porter un témoignage de foi et d’amour, là où nous sommes, de façon à ce que justement nos abbayes, mais aussi nos paroisses ou les différentes communautés continuent d’être les signes de l’espérance au cœur de notre monde et de l’Eglise ».  Donc l’avenir des abbayes ? Puissent nos contemporains être sensibles à la foi et à l’amour, qui se vivent à l’intérieur de leurs murs, de façon à ce que des vocations ne cessent pas d’éclore, en  permettant à tant d’êtres humains de se donner au Christ et de faire rayonner l’œuvre de Dieu dans le cœur des hommes.

En quoi saint Maurice vous touche-t-il ?

Les écrits disent de lui qu’il était un valeureux guerrier et un fort combattant. En même temps l’on précise aussi qu’il était un croyant enraciné dans le Christ. L’histoire nous dit que l’empereur Maximien lui demandait de persécuter et de tuer les chrétiens. C’est parce qu’il n’a pas obéi à l’ordre de l’empereur que Maurice et ses compagnons ont vécu le martyre. Cela signifie que non seulement il n’a pas renié sa foi, mais encore qu’il a voulu protéger et sauver ceux qui se réclamaient de la foi chrétienne. Cela me touche tout particulièrement, car il ne s’agit pas de croire en paroles, mais aussi en actes et dans la vérité. Cela me touche, mais encore plus m’interpelle : est-ce-que ma foi est suffisamment enracinée dans le Seigneur Jésus, mort et ressuscité ?....Je l’espère./ Comm

Mrg Denis Theurillat & Mgr Pierre Farine Mrg Denis Theurillat & Mgr Pierre Farine

Agenda et messes

Ce site utilise des cookies à des fins de statistiques, d’optimisation et de marketing ciblé. En poursuivant votre visite sur cette page, vous acceptez l’utilisation des cookies aux fins énoncées ci-dessus. En savoir plus.