MESSAGE COMMUN POUR L’ASCENSION
Qu’est-ce qui nous émerveille ? Si vous avançons dans la vie avec nos sens ouverts, il y a bien des raisons petites ou grandes de nous émerveiller : nous voyons, palpons, entendons, goûtons ou sentons quelque chose, et soudain nous nous interrompons avec respect. Les battements du cœur ralentissent, le bruit ambiant s’estompe, un sourire se dessine sur les lèvres. Puis, le monde se remet à tourner et la vie habituelle reprend son cours. Richard Rohr écrit à ce sujet :
« Vous n’avez qu’à sortir de chez vous et regarder une simple feuille, longuement et tendrement, jusqu’à ce que vous savez, mais savez vraiment que cette feuille participe à la présence éternelle de Dieu. Cela suffit pour vous mettre en extase. » (traduit d’après Rohr, Tanz, p. 189)
L’émerveillement élargit nos sens au-delà du sensible et nous aide à nous concentrer sur l’essentiel. Il nous met à l’écoute de nous-mêmes tout en nous unissant à notre environnement et à nos semblables. Étonnés et émus, nous sommes saisis d’un sentiment de respect et de bonheur profond. L’émerveillement devant les petits et les grands miracles de notre vie nous donne la force et l’espérance qui nous portent à travers les défis de l’existence.
Étonnement et émotion profonde, c’est aussi ce qu’ont ressenti les premiers disciples en voyant Jésus monter au Ciel. En effet, lors de l’Ascension, le christianisme célèbre une fête ancienne qui commémore un événement assez incroyable : Jésus-Christ s’élève en tant que fils de Dieu vers le Ciel pour rejoindre son Père. Dans l’Évangile de Luc et dans les Actes des apôtres, cette « ascension » est décrite comme un événement visible. Le Christ disparaît devant les yeux de ses disciples et est emporté au ciel. Ils restent ébahis de ce miracle dont ils viennent d’être témoins.
L’Ascension du Christ est une fête bien ancrée dans le calendrier chrétien, elle est célébrée chaque année le 40e jour après Pâques, un jeudi. Ainsi, un jour très ordinaire devient une fête fériée particulière. Dans le monde actuel où tout va toujours plus vite et est centré sur l’efficacité, un jour férié au milieu de la semaine est une curiosité qui ne manque pas d’étonner les personnes qui ne connaissent pas cela. Aujourd’hui encore, l’émerveillement des disciples interrompt notre vie quotidienne sous la forme d’un jour férié où le respect et l’espérance passent avant l’efficacité .
Hélas, actuellement, c’est souvent la stupeur et l’effroi qui prévalent face aux événements dramatiques auxquels nous devons assister. Au lieu d’un sentiment d’admiration respectueuse, nous éprouvons alors la crainte et la peur. Le monde n’est plus sûr, chez nous non plus. Le droit du plus fort semble gagner du terrain en bien des endroits, l’irrespect envers les personnes qui pensent autrement se généralise, les guerres déterminent le cours du temps. Dans une telle situation, de quoi pouvons-nous nous émerveiller en tant que chrétiennes et chrétiens?
Un regard dans les Actes des apôtres nous le montre : Jésus s’élève certes vers le ciel, mais il reviendra et restera parmi nous : « Gens de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui vous a été enlevé pour le ciel viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » (Ac 1,11) L’Ascension crée un lien entre le Ciel et la Terre, entre Dieu et les humains, entre les grandes et les petites choses, entre le surnaturel et la réalité tangible.
C’est en cela que les chrétiennes et les chrétiens puisent leur espérance. L’Ascension nous encourage à ne pas seulement rester les yeux levés au ciel, mais aussi à témoigner dans notre vie tout à fait normale notre respect envers la Création et envers chaque être humain, à veiller à la dignité de nos semblables ici sur cette Terre. En nous émerveillant de toutes ses beautés et ses merveilles, aussi petites soient-elles. Cela nous donne de l’espérance.