Jura Pastoral

Journée des migrant.e.s

Message des Evêques suisses

" Libre de choisir d’émigrer ou de rester "
 
Chers frères et sœurs,

« Libre de choisir d’émigrer ou de rester »

Le thème de la Journée mondiale 2023 du Migrant et du Réfugié résonne comme une impossibilité. Le migrant est-il libre de rester ou de partir ?
 

Enracinement culturel

Dans le contexte socio-culturel occidental, tout au moins, marqué par une culture où le loisir et les vacances rythment la vie de la majorité des gens, le slogan peut se comprendre. Oui, cette liberté du choix de rester ou de partir peut s’appliquer à cette forme de migration vacancière. Mais est-ce vraiment d’une migration dont il s’agit ici ? n’est-ce pas outrancier, voire méprisant de comparer les flux vacanciers avec les flux migratoires que l’on connaît ?
Le vacancier se paye le luxe d’un dépaysement, bienfaisant certes, mais contrôlé, programmé autant dans le but, que dans la durée, autant dans les compagnons d’aventure que dans les étapes. Chacun garde sa marge de manœuvre pour choisir librement de partir ou de rester.
D’abord, est-on vraiment libre en sacrifiant à une mode culturelle, à des propositions bien étudiées par des agences qui vous vendent leurs programmes pour vous mener parfois là où vous ne voudriez pas aller ou vous contraindre à rentrer tandis que vous souhaiteriez rester dans cet ailleurs d’évasion. Bref, même appliqué à cet exemple des vacances, le thème de cette année révèle une forme d’impossibilité.


Enracinement spirituel

Notre foi chrétienne plonge ses racines dans l’histoire du peuple d’Israël. Aujourd’hui encore chaque chrétien peut se reconnaître dans la profession de foi des patriarches : Mon père était un araméen errant (Dt 26). Abraham, père des croyants était un nomade ; il n’avait pas eu le choix de partir ou de rester, tant l’appel était insistant : Va, quitte ton pays, ta patrie et la maison de ton père et va vers le pays que je te montrerai (Gn 12). Libre de choisir d’émigrer ou de rester ? Sûrement pas ! Pas plus que tant d’autres personnes prises dans des situations personnelles, sociales, économiques, contraignantes n’ont eu le choix. La grave famine du temps du patriarche Jacob a contraint toute sa famille à fuir en Egypte, terre étrangère.
Dieu a pourvu à leur alimentation, par Joseph, un des leur. Migration forcée autrefois, à cause de la misère alimentaire ; migration forcée aujourd’hui à cause des guerres, des inégalités criantes, des conditions de vie insupportables. Si l’on trouve un certain nombre de patronymes typiquement suisse dans plusieurs pays d’Amérique, c’est justement parce que, dans un passé récent, nos ancêtres suisses ont été contraints d’émigrer. La misère économique les y obligeait.
Dans son message, le Pape François rappelle encore : « La fuite de la Sainte Famille en Égypte n'a pas été le résultat d'un choix libre, tout comme de nombreuses migrations qui ont marqué l'histoire du peuple d'Israël. Migrer devrait toujours être un choix libre, mais en fait, dans de nombreux cas, même aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Des conflits, des catastrophes naturelles ou, plus simplement, l'impossibilité de mener une vie digne et prospère dans leur pays d'origine contraignent des millions de personnes à partir. »
 

Fruit d’un enracinement moral

Quand la pauvreté, la peur, le désespoir rendent la vie impossible, l’homme s’en va ailleurs pour survivre. Nous pouvons maintenir le slogan de la journée du migrant, libre de choisir d’émigrer ou de rester, en l’illustrant par une parole du Pape Jean-Paul II : "construire les conditions concrètes de la paix, en ce qui concerne les migrants et les réfugiés, signifie s'engager sérieusement à sauvegarder avant tout le droit de ne pas émigrer, c'est- à-dire de vivre en paix et dans la dignité dans sa propre patrie."
A notre place et à notre tour, nous est donné de pouvoir travailler à l’élimination des causes des migrations forcées. Avec son langage direct habituel, le Pape François ouvre un chemin : indépendamment du fait qu’il faut que nous nous y mettions tous, cela « commence par le fait de se demander ce que nous pouvons faire, mais aussi ce que nous devons cesser de faire. » Voilà deux axes de réflexion qui vont continuer à nourrir notre démarche synodale. Cette dernière saura tout faire pour ne pas laisser hors sol les personnes qui ont dû quitter leur terre et qui voudraient désormais choisir de rester, dans NOTRE pays. Les voilà confiés à notre accueil.

Sion, en juillet 2023
 

+ Jean-Marie Lovey Évêque de Sion

Agenda et messes

Ce site utilise des cookies à des fins de statistiques, d’optimisation et de marketing ciblé. En poursuivant votre visite sur cette page, vous acceptez l’utilisation des cookies aux fins énoncées ci-dessus. En savoir plus.