L’écologie, bien plus qu’une préoccupation contemporaine, est une invitation à repenser notre lien au vivant et à la Création. Dans ce nouveau numéro de solstices, nous explorons les multiples facettes de cette quête d’harmonie entre l’humain et la nature. À travers des récits de vie, des initiatives inspirantes et des engagements concrets, ce numéro de juin met en lumière celles et ceux qui cultivent au quotidien une écologie du cœur, de l’âme et de l’action.
Pour cette édition, nous avons la joie de compter sur la participation exceptionnelle de Michel Maxime Egger, écothéologien et auteur d’essais sur l’écospiritualité, dont les mots éclairent notre réflexion spirituelle et éthique sur la crise écologique.
Nous vous invitons à découvrir ce numéro et à vous laisser toucher par la profondeur, la beauté et la force des témoignages qui y résonnent.
Bonne lecture à toutes et à tous !
Vers une conversion écospirituelle

« Avancer dans une révolution culturelle courageuse ». Cet appel du pape François dans son encyclique Laudato si’, dont on fête les dix ans, résume bien le sens de l’écospiritualité. Comme son nom l’indique, ce mouvement en pleine efflorescence, qui fusionne écologie et spiritualité, repose sur la conscience d’une unité fondamentale entre la Terre, l’humain et Dieu. Une unité originelle, restaurée par le Christ, mais sans cesse fragilisée par la démesure humaine, reste encore à accomplir. Elle appelle à être vécue pleinement, dans notre vie et dans notre être, aux plans individuel et collectif.
L’humanité est à la croisée des chemins, à un point vertigineux où elle doit opérer un choix radical entre la vie et la mort. « Choisir la vie » (Dt 30,19) exige de ne pas s’arrêter aux symptômes des dérèglements écologiques, mais d’aller à leurs racines. Celles-ci sont culturelles et spirituelles. Elles ont à voir avec notre regard.
Dans une conscience écospirituelle, Dieu n’est pas séparée de la nature et celle-ci n’est pas qu’un stock de ressources. Elle a une âme. Elle est la manifestation de Dieu et le « livre » où lire ses œuvres : les êtres humains, les animaux, les arbres et les fleurs sont les signes de son amour, de sa sagesse, de sa bonté et de sa beauté. Dieu, le Christ et l’Esprit saint sont présents dans toute la création qu’ils habitent et animent de leur présence.
Quant à l’être humain, il ne se place plus au centre de tout, en dehors et au-dessus du reste de la création. Non seulement il est membre de la grande fraternité du vivant chantée par saint François dans son Cantique des Créatures, mais le vivant fait partie de lui avec tous ses règnes. Au point, comme l’affirme Laudato si’, que nous devrions vivre l’extinction d’une espèce comme une « mutilation » de notre être et « transformer en souffrance personnelle ce qui se passe dans le monde ».
Une telle mutation de conscience est essentielle pour nourrir et inspirer nos engagements, les rendre plus durables en les ancrant profondément dans l’être. Elle constitue une véritable « conversion » dont l’amour, l’humilité, le respect, la compassion, l’émerveillement, la gratitude, la joie et la responsabilité sont les grandes vertus. Un chemin de transformation, de libération et d’espérance.
Michel Maxime Egger, écothéologien, auteur d’essais sur l’écospiritualité dont, qui vient de paraître, Gaïa et Dieu.e. Un écoféminisme chrétien est possible (avec Charlotte Luyckx, Editions de l’Atelier).