Jura Pastoral

Bethléem

La sainte famille de Bethléem…

Les moutons, les bergers, les anges, un bœuf et l’âne qui réchauffent l’atmosphère, tout le monde te connaît bien, Bethléem, comme un cliché de son enfance, comme une image d’Epinal : bien sage, timide et bucolique, rangée sous les sapins au milieu des guirlandes, des boules et des bougies éteintes.

Tu sens l’Orient, Bethléem : tes murs exhalent les arômes mystérieux de ton lointain passé. Tes couleurs sont tendres comme celles de nos berceaux ; un voile pudique recouvre tes maisons, tes champs, tes enfants et filtre les scories de ton histoire. De toi ne nous parvient, comme d’un défunt parent, que les souvenirs bénis de la douceur d’hier et des musiques enchanteresses, à ce point angéliques qu’elles bercent encore nos jours, apaisent encore nos songes...

Bethléem, ville de l’or, de la myrrhe, de l’encens, ville de David le grand roi, plus de trois fois millénaire, combien de filles et de fils as-tu portés en tes entrailles ? Combien d’étrangers, d’âmes en peine, de conquérants, de vagabonds as-tu accueillis à ta table ? Combien de prières et de jurons, de bénédictions et d’anathèmes a-t-on accroché à ton ciel ou déversé dans tes égouts ?

Bethléem : « la maison du pain » ! Ton nom évoque l’abondance, la satiété. Ta vocation est celle d’être nourrice ! «La maison du pain» : un beau thème pour ce lieu d’idylles et de promesses !
Mais quelle amertume, lorsqu’en foulant tes rues, nos pieds brisent ces rêves ; ta blanche farine regorge de grumeaux, déposés par cette foule de faux amants, séduits par ta beauté, qui n’ont cherché à conquérir ton cœur que pour mieux t’acquérir et disposer du sang de tes innocents.
Bethléem souillée, salie, barricadée… voici plus de deux mille ans qu’on se joue de ton destin, qu’on te démunit de ton pain… On t’honore comme ville de l’unique Nativité, on vante ton taux de natalité, mais les femmes continuent à enfanter à l’étable, dans l’inconfort et l’insécurité, entre deux temps d’exil, envisageant l’avenir comme des bêtes traquées.

Noël à Bethléem : destin ou choix de Dieu ? « Bethléem, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que naîtra un sauveur… » J’aime savoir que l’enfant de la crèche y est né miséreux parmi les miséreux, mêlant d’emblée son sang divin au fumier d’une étable, parce que depuis ce jour-là, la solidarité a un nom : Emmanuel : « Dieu-avec-nous ». La sainte famille de Bethléem n’a d’autre présent à offrir, mais cela suffit : cette certitude-là s’éprouve dans la paix ! C’est cela le salut !

Didier Berret, diacre

QJ, Page «Débat», rubrique «Esprit» - 27 décembre 1997

 

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