Jura Pastoral

Maman

Fête des mères:
Attends maman, j’arrive !

Il est des maximes trompeuses.
Celle qui tend à nous faire croire qu’il suffit de vouloir pour parvenir à ses fins cause encore la déroute de nombreux congénères. Il est vrai que notre vie pratique nous a accoutumés à une soumission impérative des choses: acquises sitôt que convoitées. Mais dans nos sociétés, à l’ombre des grands chênes, des roseaux s’obstinent à ne point rompre. Et tandis que l’on assiste Dame Nature dans tous ses élans spontanés, l’échine de la gestation ne courbe pas devant nos mœurs capricieuses. Avides et impatientes trépigneront en vain: dans le sein maternel l’enfant appelé à naître n’en fera qu’à sa guise. Le micro-onde et le préfabriqué ne sauraient entacher le rythme fidèle imprimé par la vie. Neuf mois s’imposent; que l’on ait appris la patience ou non ne change rien à l’affaire: pour être mère il faut savoir attendre.

Mais l’exercice a du bon pour qui sait faire de nécessité vertu: l’attente prévient la possession et instaure une distance entre la fleur des désirs et le fruit des entrailles. Vous le vouliez vôtre, vous êtes sienne. A peine programmé - quand son apparition n’est pas inopinée - et déjà voilà qu’il dicte ses besoins. Le petit d’homme inaugure son existence par un accès d’indépendance. Il temporise, il se prélasse, il s’étire avec grâce et délices au creux de son douillet cocon. Que des fées vaniteuses se penchent sur ses astres et prennent ses augures, que la science, à son insu, le mesure, l’analyse et l’observe conjuguant du haut de son estrade tous les temps de son fragile parcours, cela le laisse indifférent: tous s’intéressent à ce qu’il est, qui il est leur échappe. Il ne se livre que dans le mystère de l’attente.

Et peut-être est-ce pour cela, douces mères du monde entier que souvent mieux que d’autres vous savez la valeur de la vie. Parce que ce temps béni d’attente nécessaire vous a permis d’approcher l’insondable et de pressentir en vos écrins l’insaisissable présence de l’autre que l’on ne peut aimer que lorsqu’il nous échappe.

Belle fête !
                                                                 Didier Berret : Quotidien Jurassien, Page «Débat», rubrique «Esprit»

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