Fête des mères:
Attends maman, j’arrive !
Il est des maximes trompeuses.
Celle qui tend à nous faire croire qu’il suffit de vouloir pour parvenir à ses fins cause encore la déroute de nombreux congénères. Il est vrai que notre vie pratique nous a accoutumés à une soumission impérative des choses: acquises sitôt que convoitées. Mais dans nos sociétés, à l’ombre des grands chênes, des roseaux s’obstinent à ne point rompre. Et tandis que l’on assiste Dame Nature dans tous ses élans spontanés, l’échine de la gestation ne courbe pas devant nos mœurs capricieuses. Avides et impatientes trépigneront en vain: dans le sein maternel l’enfant appelé à naître n’en fera qu’à sa guise. Le micro-onde et le préfabriqué ne sauraient entacher le rythme fidèle imprimé par la vie. Neuf mois s’imposent; que l’on ait appris la patience ou non ne change rien à l’affaire: pour être mère il faut savoir attendre.
Et peut-être est-ce pour cela, douces mères du monde entier que souvent mieux que d’autres vous savez la valeur de la vie. Parce que ce temps béni d’attente nécessaire vous a permis d’approcher l’insondable et de pressentir en vos écrins l’insaisissable présence de l’autre que l’on ne peut aimer que lorsqu’il nous échappe.
Didier Berret : Quotidien Jurassien, Page «Débat», rubrique «Esprit»