Jura Pastoral

Secret

Adieu Lady Di; la princesse n’est plus. La cour royale et la masse prolétaire se sont unies pour lui rendre un dernier hommage; c’est la fin de ses aventures... Il manquera désormais un chapitre dans les colonnes de la presse à sensation. Amateurs de cancans, fabricants de ragots et paparazzi voyeurs devront se mettre en quête de nouvelles victimes...

A moins qu’ils ne reconvertissent leur temps perdu en biographies mondaines ou en essais sulfureux... Parce que finalement la traque peut continuer, il reste tant à dire sur le comment du pourquoi de son mariage, sur les dessous du trône d’Angleterre, sur l’éducation de ses enfants, sur ses années troublées d’adolescence… Il reste tant de témoignages exclusifs et de confidences inédites à publier:  le coiffeur, la sage-femme, le groom du Ritz, la vendeuse de rouge à lèvres ou le cancre assis derrière elle à l’école n’ont pas encore livrés tous les secrets de cette vie de conte de fée, auréolée de bijoux et de popularité...

Après l’émerveillement et la kyrielle de rêves que son destin et son charme ont suscités, une fois la consternation et le choc de l’horreur dissipés alors viendra le temps des analyses. Elles seront faites par les admirateurs inconditionnels et par des détracteurs de tous poils qui opposeront leurs arguments lors de batailles verbales interminables…

Mais je souris déjà parce que ces joutes bavardes n’auront aucun vainqueur... Dormez en paix princesse ! Personne ici-bas, ne percera jamais le secret de votre être. De vos larmes espionnées personne n’en connaîtra la source, de vos sourires espiègles nul n’en atteindra l’origine… Les caméras vous avaient taillé un rôle sur mesure et les images jours après jours ont façonné votre paraître et votre gloire. Aujourd’hui il ne vous reste pour tout diadème que votre dignité de fille de Dieu.

Celle qui vous a rendue solidaire des enfants, des petits, des oubliés. Le hasard a voulu que celle qui en était leur chantre vous rejoigne aujourd’hui dans la mort. Mère Teresa vient de quitter ce monde en silence, sans fracas, juste derrière vous comme pour souscrire aux règles de préséance. A présent vous voilà réunies: Mère Teresa et Lady Di quelle association incongrue ! Vous étiez tout ce qu’elle n’était pas: jeune, grande, belle, riche; vous avez côtoyé les nobles, les sires, vous avez goûté aux joies du monde, aux délices des grandes tables. Elle a vécu dans les poubelles, auprès de ceux qui auraient tant rêvé terminer vos assiettes…

Quel contraste ! Rien ne vous rapprochait, rien ! Sinon cet appel commun à porter sur eux un regard de tendresse pour les faire exister. La presse qui vous a tant scrutées l’une et l’autre vous montre main dans la main: vous voilà sœurs d’éternité.

Alors à l’heure de la grande rencontre soyez bien rassurées: Celui vers qui se plonge votre regard ne vous fera pas l’insulte de vous examiner sous toutes les coutures;  simplement dans le silence plus profond que l’espace, comme dans la parabole du Fils retrouvé, le Père de l’Evangile qui vous attend toutes deux ne saura que se taire et vous offrir ses bras.
 
Didier Berret : «Le mot de la semaine» - 6 septembre 1997

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