Parmi les 12866 mots-clés du lexique de la Bible de Jérusalem, le mot «vacances» n’apparaît jamais. Bigre ! A croire que notre Dieu rechigne à nous accorder du bon temps. Non contente de ne pas en parler certains passages y semblent même farouchement opposés : ainsi dans le livre des Proverbes nous pouvons méditer: «N’accorde ni sommeil à tes yeux ni repos à tes paupières (...) Va voir la fourmi, pa-resseux ! observe ses mœurs et deviens sage (…) durant l’été elle assure sa provende et amasse, au temps de la moisson, sa nourriture. Jusques à quand, paresseux, resteras-tu couché ? Quand te lèveras-tu de ton sommeil ? Un peu dormir, un peu s’assoupir, un peu croiser les bras en s’allongeant, et tel un rôdeur, viendra l’indigence et la disette comme un mendiant.» (Pr 6,4-10) Rimes en moins, on se croirait en pleine fable de la Fontaine.
Fort heureusement, ces passages dévolus à une époque révolue trouvent en d’autres lieux des saintes Ecritures un contrepoids plus favorable au développement du rêve. Le livre de Qohélet (ou Ecclésiaste) en offre un vaste exemple. «Vanité des vanités, dit Qohélet; vanité des vanités, tout est vanité. Quel profit trouve l’homme à toute la peine qu’il prend sous le soleil» (Qo 1,2-3) ou encore, un peu plus loin: «Mieux vaut une poignée de repos que deux poignées de travail à poursuivre le vent.» (4,6) Décidément, la Parole de Dieu excelle dans les contrastes ! Voici de quoi s’offrir - durant les chaudes soirées d’été - quelques heures de débat sur la place et le sens du travail dans nos vies et dans nos sociétés...
A l’orée des vacances, voici peut-être de quoi nous motiver à accorder la part belle à la parole : celle partagée avec d’autres ou celle reçue de l’Autre...
Bons dialogues, belles vacances !
Didier Berret : Fréquence Jura «Le mot de la semaine» 6 juillet 02 et 2 juillet 05