Jura Pastoral

Sur les pas de Théodore Monod avec le Théâtre de la Marelle

Avec son nouveau spectacle, le Théâtre de la Marelle nous embarque dans l’univers de Théodore Monod, figure emblématique du XXᵉ siècle et considéré comme l’un des plus grands naturalistes qui a parcouru le Sahara plus de 180 fois.

Nous avons pu échanger avec Pierre-Philippe Devaux, directeur artistique de la Compagnie la Marelle, et revenir avec lui sur l’origine de ce projet et l’esprit qui l’anime.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à faire revivre l’esprit de Théodore Monod, non pas comme un personnage historique, mais comme un compagnon de route vers le vivant ?

En choisissant Théodore Monod, j’avais envie d’aborder pour la première fois l’écologie dans un spectacle. Ce qui m’a plu chez lui, c’est que justement, il ne parle jamais d’écologie. C’est un scientifique passionné par le vivant et par tout ce qui l’entoure. Dans ses récits, quand il est dans le désert, tout l'intéresse : le grain de sable, une plante qui pousse entre deux rochers, une fleur qu’il découvre, une selle de chameau, des gravures rupestres… Chaque élément devient une question : comment cette plante est-elle arrivée là ? Que raconte cette peinture rupestre ? Cette curiosité immense m’a donné envie de partir de lui pour interroger le vivant. Le désert devient alors une métaphore : on a l'impression aujourd’hui que tout disparaît, comme dans un désert. Et pourtant, il existe encore tant de choses, simplement invisibles parce qu’on n’y fait peut-être plus vraiment attention. C’est cette idée qui a été mon moteur pour créer le spectacle, en m’appuyant sur la figure de Monod.

Le désert était pour Monod un lieu d’émerveillement et de dépouillement. Quel “désert intérieur” ce spectacle invite-t-il le spectateur à traverser ?

Je crois qu’il y a d’abord une question de rapport au vivant. Pour moi, le mot “écologie” est devenu un terme fourre-tout. J’aime revenir au vivant, parce que nous en faisons partie. Comme Monod le rappelle si bien, nous ne sommes pas en dehors du tableau. S’intéresser à la plus petite parcelle du vivant, c’est finalement s’intéresser à soi-même, à sa place sur terre. Ce désert intérieur, c’est ça : revenir à ce qui vit en nous. Et parfois, ce n’est pas simple. Dans le spectacle, on dit qu’il existe des moments où regarder en soi devient difficile parce que dans notre société actuelle, les distractions sont nombreuses. Dans le désert, ces distractions disparaissent. Alors on se retrouve face à soi, face à son intériorité, et c’est là que quelque chose peut se passer.

Si Théodore Monod assistait à votre représentation, quel message croyez-vous qu'il aurait envie de transmettre aujourd’hui ?

C’est une question que je me pose souvent. Il a disparu il y a 25 ans, et en 25 ans, le monde a énormément changé, pas seulement sur le plan technologique ou scientifique, mais aussi dans notre langage, notre rapport au monde, notre rythme de vie. Quand on regarde sa vie, on voit quelqu’un qui a creusé le même sillon toute son existence. « Un seul continent par existence », disait-il : l’Afrique, le désert. Il n’a jamais changé de cap. Sa quête, c’était la connaissance, toujours plus profondément.

Aujourd’hui, tout va très vite. Je crois que certaines choses qu’il a faites seraient presque impossibles : à son époque, on traversait le désert à chameau, c’était le seul moyen. Il n’était pas contre le progrès, mais il savait que ce que l’on gagne en vitesse, on le perd parfois en saveur, en expérience. Alors s’il devait transmettre un message, je pense qu’il parlerait du temps. De la nécessité de le prendre. Dans le désert, prendre le temps n’est pas un luxe : c’est une condition de survie.

Et il s’adresserait sans doute d’abord aux jeunes. Dans l’une des dernières vidéos de lui, il montre à des enfants un biface, une pierre taillée pour chasser il y a environ 100 000 ans, trouvée dans le désert. Elle était polie d’un côté, pas de l’autre. Et il explique que cette pierre n’a pas bougé pendant 100 000 ans. Entre le geste d’un Homo sapiens qui l’a jetée et le moment où lui la ramasse, elle est restée immobile. Ce qu’il veut dire par là, je crois, c’est que nous sommes des épiphénomènes sur cette terre. Prendre conscience de cette échelle du temps peut apaiser : cela relativise notre angoisse du vivant, de la mort, de la disparition. Le désert nous offre ce temps-là : celui de se découvrir soi-même et de découvrir le vivant. Et puis, avec son côté malicieux, il rappelait qu’on peut très bien méditer dans le métro. On n’a pas besoin d’être dans le désert pour se rencontrer soi-même, on peut le faire tous les jours, là où l’on vit.

Propos recueillis par CS -Pôle communication

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Les dates en un coup d'œil

  • Samedi 18 octobre à 20h - au CIP à Tramelan 
  • Vendredi 7 novembre à 20h - à la salle de paroisse catholique à Tavannes 
  • Jeudi 13 novembre à 19h30 - à la Maison des Oeuvres à Lajoux 
  • Samedi 15 novembre à 20h - à la Maison des Oeuvres à Moutier 
  • Mercredi 26 novembre à 19h30 - au Centre paroissial réformé à Porrentruy 
  • Jeudi 27 novembre à 20h - au Centre l'Avenir à Delémont 

Agenda et messes

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