Offrir un espace d’échanges et de rencontres pour réfléchir à des manières de vivre plus respectueuses, unissant le soin de la Création et celui de l’humain : c’est le pari réussi du service du Cheminement de la Foi, en collaboration avec l’Église réformée. Ensemble, ils ont proposé le Forum des transitions, qui s’est tenu du 18 au 21 septembre à Saignelégier. Retour sur quatre jours rythmés par des conférences, des ateliers et de riches partages.
Aujourd’hui, le sujet de l’écologie s’invite dans tous les foyers : au téléjournal, dans les débats télévisés ou sur les réseaux sociaux. Mais l’écologie n’est pas seulement une affaire de science ou de politiques : elle touche à notre spiritualité, à la justice et à nos liens fraternels. C’est sous cet angle que Yannick Salomon, théologien en pastoral dans l’Unité Bienne – La Neuveville, a abordé l’encyclique Laudato Si’ lors de sa conférence, en posant une question centrale : En quoi protéger l’environnement peut-il contribuer à notre bonheur ?
« Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre » chantait saint François d’Assise. Dans son Cantique des Créatures, il évoque la Terre comme une sœur avec laquelle nous partageons notre existence, une mère qui nous accueille à bras ouverts. Dans le livre de la Genèse, Dieu appelle l’être humain à « cultiver et garder » la terre, comme les gardiens du jardin (Gn 2 :15). Pourtant, nous avons grandi dans l’illusion d’en être les propriétaires, libres de la dominer et de l’exploiter à notre guise. Mais aujourd’hui, notre sœur, notre mère, crie. « Par sa beauté, son harmonie, les cadeaux qu’elle nous offres, la nature nous dit quelque chose de Dieu » souligne Yannick Salomon. En nous offrant un lieu propice à la méditation, la nature nous permet d’accéder à l’Esprit saint qui se trouve en chacun de nous, cette boussole intérieure qui nous guide dans nos choix pour atteindre le bonheur.
« Pour qu’il y ait la paix, il faut d’abord qu’il y ait la justice », rappelle le théologien. Le pape François insistait : la crise écologique est aussi une crise sociale, et les plus pauvres sont les premiers touchés par les dégradations de l’environnement. C’est pourquoi Yannick Salomon souligne l’importance du lien : « Nous sommes tous concernés. Dans une société marquée par l’individualisme, travaillons à rétablir la justice sociale, nécessaire pour une écologie à la fois humaine et sociale. Protéger l’environnement en prenant nos responsabilités, c’est prendre soin de notre lien avec la nature, les autres et Dieu. »
Tout est lié. La nature fait partie de nous et nous faisons partie de la nature. Vouloir se prendre pour un Dieu tout-puissant en s’autorisant à surconsommer et à dégrader les ressources nous enferme dans un autocentrisme et nous pousse à nous déresponsabiliser. Il est temps de retrouver notre place, de reconnaître notre rôle et d’agir, dans la fraternité, pour la Création.