Le billet de Christophe Wermeille, LQJ 26.04.2025
Le choix de son nom annonçait déjà le programme. Dans l’élan du « Poverello » d’Assise, il fera des pauvres et des marges une priorité. De Lampedusa au Timor oriental, il offre une oreille attentive aux situations de souffrance : migrants, prisonniers, victimes des guerres, des abus, des injustices, ne cessant de rappeler que l’Eglise n’est pas un poste de douane mais un hôpital de campagne. « Qui suis-je pour juger ? », dira-t-il notamment au sujet de personnes homosexuelles.
Répondant au même appel du Christ : « Va, répare mon Eglise, tu le vois, elle tombe en ruine », il ouvrira des chantiers pour offrir une place aux femmes, aux laïcs, aux périphéries, n’hésitant pas à dénoncer – parfois avec virulence – les maladies de la curie ou certaines pratiques ou attitudes en contradiction avec l’Evangile. Fervent défenseur du dialogue interreligieux, d’une écologie intégrale, pasteur proche du peuple, à 800 ans de distance, les pas empruntés par les deux François semblent guidés par la même boussole, comme en témoignent Laudato si’ et Fratelli tutti, deux encycliques majeures dont les titres sont des citations de saint François.
Entre ce soir de 2013 où cet inconnu du bout du monde demandait à la foule massée sur la place St-Pierre de le bénir et sa dernière bénédiction, au matin de Pâques, veille de son décès, François aura marqué par sa personne et par son style. Puisse son sens aiguisé du discernement continuer d’inspirer notre monde en profondes mutations.
Christophe Wermeille, théologien en pastoral