Dans notre société « performante », le rythme obligé semble désormais être la course. Voici le burn out ou l’épuisement professionnel bientôt honorés d’une médaille ! Depuis le patron jusqu’ à l’apprenti, tout le monde court, doit courir, devrait courir. Il nous faut des agendas qui débordent, des boites « mail » qui coulent, des répondeurs qui frisent l’indigestion, des portables qu’il est un crime d’arrêter, pour nous sentir performants et importants. Voici que l’hyperactivité compulsive est devenue un gage d’efficacité et de compétence.

Alors, en cette traditionnelle période de vœux, je voudrais vous faire l’éloge de l’escargot ! Il prend le temps de s’arrêter pour rencontrer ce qui se trouve en face de lui, d’avancer lentement pour admirer ce qui l’entoure, de rentrer dans son intérieur en coupant contact avec l’extérieur, de mettre des priorités dans ses activités car il ne peut pas tout vivre. 

L’Evangile ne nous dit pas si le Samaritain était pressé, ce matin-là en descendant à Jéricho. Cependant une chose est sûre : s’il était au taquet, il n’aurait sans doute pas vu, ou assurément ne se serait pas arrêté et donc n’aurait pas secouru le blessé dans le fossé. Or, ce blessé, aujourd’hui, ce n’est pas seulement notre conjoint ou celui que l’on croise, mais également notre esprit qui, sur le bord du chemin crève de nous voir si souvent passer à grande vitesse sans lui accorder le moindre temps. Ainsi la course folle de nos vies actuelles nous contraint souvent à vivre à la surface de nous-mêmes.

Cultivons en 2024 l’art de l’arrêt occasionnel mais régulier, pour ne pas tomber dans l’arrêt maladie obligatoire et redonnons sa place à la spiritualité. Quelles sont les valeurs que je veux vivre ? Qu’est-ce qui me procure de la joie ? Y a-t-il une réconciliation que je pourrais entreprendre ? Prendre du temps pour se recueillir, c’est faire du tri dans sa vie.

Philippe Charmillot, Pastorale des familles