Le billet de Jean-Charles Mouttet, LQJ 14.10.2023
Ici l’automne est radieux. Si j’arrive à faire abstraction du vacarme du monde qui me donne parfois l’impression d’aller vers une irrémédiable implosion. Ici la vie est douce et paisible. J’oublie volontairement la chaleur qui n’est pas de saison, l’eau qui pourrait manquer et la pollution qui m’envahit. Ici il fait bon vivre. Même si tout augmente, la précarité surtout.
Au milieu du champ de bataille où mon regard est projeté par tant d’images horribles d’humains bombardés, assassinés, kidnappés, me reviennent les mots d’Etty Hillesum errante décharnée dans le camp de déportation de Westerbork : « un petit morceau de ciel reste toujours visible ». Même, et surtout, là où le néant s’impose comme unique destinée d’un monde connu.
Je prie ce morceau Ciel de me donner cette même ferveur : tout en acceptant la réalité et les défis qu’elle m’oblige à relever, vouloir préserver cette parcelle d’horizon azur où se dévoile la Vie infinie. Y laisser flotter des guirlandes multicolores de joie, de tolérance, de respect. Le sourire aux lèvres, donner l’envie d’entrer dans cette farandole d’espérant-e-s. Pour que ta volonté soit fête et que la danse nous entraîne jusqu’au bout de ton Souffle.
Jean-Charles Mouttet