Jura Pastoral

Pas plus de 50 personnes dans les églises: échos du terrain

Le diacre Didier Berret devant son église de Saignelégier (JU) | © Grégory Roth Le diacre Didier Berret devant son église de Saignelégier (JU) | © Grégory Roth

Suite aux nouvelles directives fédérales émises le 28 octobre 2020 pour éviter la propagation du coronavirus, les paroisses planchent sur des solutions pratiques. Echos du Jura pastoral, de Genève et des Montagnes neuchâteloises.

Par Bernard Litzler et Raphaël Zbinden, cath.ch

Pour Didier Berret, diacre pour l’Unité pastorale des Franches-Montagnes, le constat est clair: les directives fédérales perturbent le fonctionnement de la vie paroissiale. Car le Jura pastoral n’avait pas – comme le canton du Valais avec une limite fixée à 10 personnes pour la messe depuis le 21 octobre – de limitation du nombre de personnes lors des messes. «Nous prenions déjà les mesures de désinfection des mains de distances et du port obligatoire du masque, explique le diacre de Saignelégier. Nous devrons donc nous adapter à ces nouvelles mesures.»

Refuser la 51e personne ?

La limite de 50 personnes constitue pourtant un handicap : «Je ne peux m’empêcher de ressentir une forme de malaise face à ces mesures. Dans la Bible, on dit que les derniers seront les premiers, pas que les premiers seront les premiers. Or, c’est ce qui se passera maintenant, car je devrai refuser à la 51e personne qui se présentera le dimanche, l’entrée de mon église. Pour moi, ce sera un crève-cœur», regrette Didier Berret. «Pour la Toussaint, de nombreuses personnes ne pourront pas venir se recueillir. Or, beaucoup d’entre elles, qui ont enterré récemment un de leurs proches n’ont pas pu bénéficier de funérailles correctes».

Constat similaire du côté de La Chaux-de-Fonds. L’abbé Jean-Marie Oberson, prêtre de l’Unité pastorale des Montagnes neuchâteloises, précise: «Pour une grande église, comme celle du Sacré-Cœur à La Chaux-de-Fonds, nous devrons réduire l’affluence. Mais pour une petite église, comme celle des Breuleux avec 20-25 personnes par messe, la limite des 50 ne pose pas de problème».

Une messe en parallèle

Aussi des solutions sont recherchées avant la Toussaint, qui attire nombre de fidèles. «A La Chaux-de-Fonds, nous voulons diffuser la messe en parallèle dans la grande salle. Cela nous permettra d’avoir plus que 50 personnes. On pense mettre une table avec une icône, une décoration appropriée et quelqu’un viendra distribuer la communion», confie l’abbé Oberson.

L’église d’Hermance (GE) (capture d’écran Google Street View) L’église d’Hermance (GE) (capture d’écran Google Street View)

 

Curé de l’UP Arve-Lac (GE), l’abbé Slawomir Kawecki et son équipe pastorale mènent une autre réflexion: «Il faut vérifier si les membres d’une même famille sont comptées comme une seule personne. Et vérifier si les enfants, qui ne sont pas soumis au port du masque avant 12 ans, sont aussi comptés dans les 50», se demande le prêtre polonais.

L’UP de Morges, Rolle, Aubonne, St-Prex (VD), s’est mise à enregistrer par avance les inscriptions pour les messes : grâce à l’inscription en ligne sur le site kelmesse.org, les fidèles s’inscrivent par avance. La vision du franchissement de la limite est donc possible avant de se déplacer physiquement.

1000 places et un espace aéré

Pourtant, point de vent de révolte dans les sacristies. Même si la limite imposée des 50 personnes pose des questions bien concrètes. «Cela est d’autant plus frustrant qu’il apparaît clairement que les risques de contamination sont moins importants lors de messes que, par exemple, dans les restaurants ou les bistrots, qui eux ne sont pas limités en nombre global de personnes», constate Didier Berret.

«Dans l’église de Saignelégier, il y a plus de 1000 places et l’espace est aéré et important. Avec la distanciation et les masques, il me semble que davantage de personnes pourraient être accueillies. Ces règles mériteraient donc des adaptations. Mais je peux comprendre qu’il serait difficile pour les autorités de réglementer au cas par cas».

Le pays de François de Sales

La perspective des fêtes de Noël entraîne également des remises en cause. Déjà, dans l’UP genevoise Arve-Lac, il a fallu renoncer à confectionner les couronnes qui étaient bénies habituellement le premier dimanche de l’Avent. «C’est dommage, mais il faut respecter les règles», concède l’abbé Kawecki.

Mais le curé s’appuie sur des équipes pastorales qu’il qualifie «d’exceptionnelles». «C’est une joie de travailler ici, dit le prêtre du bout du Lac. C’est le pays de François de Sales. Mais pour les chorales, c’est très frustrant de ne pas pouvoir chanter. D’autant que la chorale de Corsier-Anières-Meinier est presque professionnelle. Nous allons devoir animer uniquement avec un soliste».

Tous espèrent en tout cas que la situation sanitaire s’améliore le plus rapidement possible et que ces mesures qui perturbent en profondeur la vie paroissiale ne soient plus qu’un mauvais souvenir. (cath.ch/bl/rz)

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