Jura Pastoral

Se barbouiller de cendres au carême ?

Le carême s’ouvre mercredi
le 17 février prochain avec
la célébration des Cendres.
Ce jour-là, on se barbouille
le front, les mains ou la tête
avec de la cendre. Il s’agit
d’un rite à forte symbolique
biblique, qui s’est imposé
tardivement dans la liturgie.
Mais, pourquoi poser ce geste
et se faire dire : « Souviens-toi
que tu es poussière et que tu
retourneras en poussière… »,
ou encore : « Convertis-toi… »
ou plus simplement : « Reçois
ces cendres, elles disent ton
désir de vivre le carême… » ?


C’est un geste qui a une longue
histoire, plusieurs sens et un fondement
biblique solide. En effet,
les cendres sont un signe qui
exprime soit la tristesse (Jb 30,
19 ; 2S 13, 19), soit le deuil (Jr 6 ;
Esther 4). Mais, elles évoquent
d’abord la poussière, l’argile, la
terre (adamah en hébreux) d’où
l’on vient. « Nous sommes poussière
et nous y retournons » (Gn
3,19). Les cendres parlent donc
ici de notre condition humaine.
Toutefois, dans l’évangile de
Matthieu, la perspective est différente.
Pensant aux villes de
Chorazin et de Bethsaïde qui ne
se sont pas converties après son
passage, Jésus dit : « Si les miracles

qui ont été faits au milieu de vous
avaient été faits dans Tyr et dans
Sidon, il y a longtemps qu’elles se
seraient repenties, en prenant le
sac et la cendre » (Mt 11,21).
Ainsi, le geste de se couvrir de
cendres devient le symbole de la
prise de conscience du péché et
du repentir qui s’ensuit. Donc,
quand nous répétons ce geste
le mercredi des Cendres, nous
voulons d’abord traduire notre
désir de nous montrer devant
Dieu à la fois pécheurs, pauvres,
petits et fragiles, comme aux origines
du monde. Le reconnaître
conduit ensuite et naturellement
au repentir, à implorer la miséricorde
de Dieu. Donc, le mercredi
des Cendres met en perspective le
temps de grâce qu’est le carême.
Ce temps qui nous aide à reconnaître
nos limites, nos fragilités
et nous ouvre davantage au pardon
et à la miséricorde.
Reconnaissons que notre quotidien
n’est pas toujours reluisant.
Il s’y trouve facilement de la poussière
et de la grisaille appelée tout
simplement péché. Il nous arrive
tous d’avoir nos mauvais jours.
C’est alors que l’ennui, les replis,
les refus, la grisaille s’installent
dans nos vies. C’est alors qu’elles
prennent le goût et la couleur de
la cendre. Or c’est précisément
à cette prise de conscience que

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nous sommes invités en posant
le geste très ancien de recevoir
les cendres sur nos têtes, sur nos
fronts ou parfois dans nos mains.
Et si nous regardons ce qu’il y a
de gris dans nos vies, ce n’est pas
pour nous enfoncer dans nos
misères ou pour nous barbouiller
de nos échecs.
Si nous acceptons de recevoir un
peu de cendre, c’est pour prendre
conscience de ce que nous devenons
si l’on ne se redresse pas de
toutes nos forces et si nous n’osons
pas nous risquer avec Dieu.
Donc,
les cendres sont là d’une part pour
nous rappeler la faiblesse de ceux
qui marchent, leurs fatigues, leurs
chutes ; et, d’autre part, pour nous
redire que sous la cendre, les braises
ne demandent qu’à se mettre à rougeoyer,
que l’arbre mort ne demande
qu’à reverdir avec le printemps. Si le
gris de la cendre évoque aisément
l’ennui et la mort, n’oublions
jamais que Dieu peut en faire
surgir la vie ici et maintenant
. Et
« c’est maintenant le moment favorable,
c’est maintenant le jour du
salut » (2 Cor 5,20).
C’est maintenant, aujourd’hui,
le temps d’emprunter la route
qui conduit à la lumière de la
résurrection.
Abbé Jean-René Malaba,
ecclésiologue

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