Jura Pastoral

Des Jurassiens en Terre sainte

Israel 2013 Hélène et Didier Berret, les guides...

Durant les vacances d’automne, une cinquantaine de Jurassiens se sont rendus en Israël pour y découvrir les principaux lieux saints accompagnés par Didier Berret, l’initiateur de ce voyage. Diacre, bibliste et professeur de sciences religieuses au lycée cantonal de Porrentruy, Didier Berret a fait une partie de ses études en Israël et maîtrise aussi bien l’arabe que l’hébreu. Les participants à ce pèlerinage de douze jours en terres bibliques ont donc profité pleinement des connaissances et de la passion de ce guide d’exception en parcourant tout le pays, du désert du Néguev au plateau du Golan, en passant – entre autres – par les gorges d'Ein Avdat, la mer Morte, la citadelle de Massada, les grottes de Qumran, Nazareth, Jéricho, le Jourdain, Bethléem, ou Jérusalem. Le père Alphonse Rutaganda, venu spécialement du Rwanda a animé des pauses spirituelles dans des décors exceptionnels et présidé plusieurs célébrations, dont une au bord du lac de Galilée. Une chose est certaine, chacun est rentré chez lui avec un bagage d’émotions riche de ce qu’il a vécu, vu, entendu, partagé et ressenti là-bas…

Pascal Tissier (SIC)
 

A lire ci-dessous le journal de bord signé par Didier Berret... comme un livre de souvenirs...

VOYAGE EN TERRES BIBLIQUES 2013

Israel 2013 L'arrivée au-dessus de Tel Aviv...

DIMANCHE 6 OCTOBRE 2013

Israel 2013 A l'aube, dans le train, les Delémontains retrouvent les Bruntrutains...

Départ aux aurores. Brumes, nuit et frimas portent l’espérance d’un jour nouveau. Premiers bonjours, premières joies, premières questions suivies d’un tas d’autres, formalités et sécurité douanières obligent. Bleu du ciel et blanc des nuages, bleu de la mer enfin et la côte qui nous tend les bras. Premiers regards, premières impressions.

Un chauffeur et un bus nous attendent. Rencontres. Suivent 2h de route et des paysages qui au fur et à mesure se dénudent. Désert. Les lumières des villes et campements alentours s’allument jusqu'à ce que se rapproche le lieu de notre première nuit. Un kibboutz au cœur du Néguev. On y produit du poisson. Etrange. Il y eut un soir…

LUNDI 7 OCTOBRE 2013

… il y a un matin. Des valises, de l’eau, un chapeau… quelques minutes de bus et une première découverte, à pied dans les splendeurs du désert : Ein Avdat, un oued sculpté comme une cathédrale à ciel ouvert. Un temps d’arrêt et déjà des dizaines de photos. Un temps de pause : Dieu parle à travers sa parole. Le silence et la démarche de pèlerinage nous la rendent proche… Le bus nous retrouve à l’autre bout et nous mène au surplomb du makhtesh Ramon : une faille de plusieurs dizaines de kilomètres travaillée dans le secret des siècles d’avant l’homme…
 

L’après-midi l’histoire des Nabatéens nous rapproche des peuples du désert et de l’aube du christianisme. Pressoirs, citernes, encens, baumes, asphaltes, épices, moines… des mots résonnent et exhalent un parfum d’exotisme. Nous reprenons la route qui défile entre les villes modernes de l’état israélien et les casemates des bédouins. Arrivée à Arad, cité séculaire et moderne. L’ancien et le nouveau s’épousent avec plus ou moins de bonheur. Deuxième nuit…

MARDI 8 OCTOBRE 2013

… et troisième aube. Les lacets se succèdent et descendent à Massada, forteresse d’Hérode, descendant par sa mère des Nabatéens. L’histoire se rapproche. Celle qui a marqué la nôtre. Hérode le grand ! Son nom fait trembler encore. Son génie est moins connu. Il se déploie pourtant au fil des visites des villes et des palais qu’il a conçus. Débauche de luxe et de confort au cœur même de lieux inhospitaliers. Citadelle abandonnée, témoins de la déroute des révoltés juifs du premier siècle… Accès pédestre par la rampe romaine construite par l’humiliante sueur des esclaves juifs. Gigantisme de labeur pour quelques jours de combat et des siècles d’abandon. L’espace git comme une carcasse. Les citernes sont géantes, mais vides. Descente en télécabine de l’autre côté. Trois minutes suisses avant un autre dépaysement, plus ludique : la mer Morte et ses eaux saturées de sel. On flotte et on s’amuse. On joue à Pourim  avec la boue du sol.

Arrêt à Qumran où le hasard d’une chèvre perdue a mis à jour des manuscrits de l’époque du Christ ! Fascinante histoire.
La Jordanie est en point de mire. Nous nous approchons du Jourdain, mais le soir tombe et le site est fermé. Le bus retourne jusqu'à la verdoyante Jéricho. Troisième soir.

MERCREDI 9 OCTOBRE 2013

Le réveil sonne à des heures indécentes. Le groupe presque complet se lève pour quêter le lever du soleil et marcher dans la fraîcheur matinale du wadi Qelt. Balade sur fond du Psaume 23 et du récit du bon Samaritain. L’endroit tient son nom de sa rudesse et calque le psaume : « si je traverse la vallée de la mort, je ne crains aucun mal, ton bâton et ta houlette me protègent… »
Après le petit déjeuner et une douche bien méritée, visite au Tel  Jéricho où l’histoire nous emmène à l’origine du néolithique : les hommes apprennent la domestication et la culture ! La traversée de la ville permet d’évoquer Bartimée, Zachée, Elisée ou les jardins du Cantique des Cantiques.

Le bus sillonne la Samarie, via Tayibe où le curé du lieu, le père Aziz nous accueille. Sa présentation de la situation politique fait frémir… barrières, colonies, confiscation, exil des chrétiens… avenir plus qu’incertain…
La traversée de la Samarie nous emmène à Naplouse, dans l’église orthodoxe qui abrite le puits de Jacob. Commémoration du patriarche et lecture du chapitre 4 de Saint Jean… Jésus rencontre en ce lieu, une femme, samaritaine…
Sortie des territoires occupés : barrage-frontière sans complication et transfert à Tibériade au bord du lac de Galilée.

JEUDI 10 OCTOBRE 2013

La journée se passe autour du lac de Galilée… en commençant par les hauteurs du plateau d’Arbel et sa descente à pied à travers les échelles. Vertiges et solidarités.

Visite de l’église du partage du pain à Tabgha puis de Capharnaüm, la ville de Jésus selon le témoignage de l’évangile de Marc. Le lieu résonne de mille histoires : le centurion, le paralytique, la fille de Jaïre, la belle-mère de Pierre, la pêche miraculeuse, la synagogue, Matthieu assis au bureau de douane, Jacques, Jean, André et tant d’autres… les pierres racontent.

Un bateau nous attend. Il nous mène vers l’autre rive… celle des Géraséniens… ou de la mission universelle de l’Eglise. Le lac est paisible. Il est celui de Jésus. Dans la paix du soir qui tombe nous célébrons au son du clapotis des vagues qui s’échouent sur la berge.

VENDREDI 11 OCTOBRE 2013

Après les souvenirs d’Evangile, les lieux où il fait défaut. Traversée du Golan et de vestiges de guerre. Des ruines de toutes parts, pierres mortes de villages détruits il y a plus de 40 ans. La guerre encore. Des chars rangés en campagne, à l’affût des débordements syriens. La tension est palpable, la Syrie toute proche. Atmosphère étrange devant le no man’s land derrière lequel un peuple vit un drame. Guerre si proche et si lointaine…

A peine le temps de réaliser que déjà le bus nous emmène. D’autres villages à la frontière, d’autres questions : le château fort de Nimrod, fier et dérisoire témoin des Croisades… et les sources claires du Jourdain au pied de l’Hermon libanais. Jadis, Césarée de Philippe prospérait en ces lieux. Des sentiers nous mènent à pied jusqu'à la première cascade du fleuve. L’occasion de redire notre foi à la suite de Pierre qui confesse le Messie.
Après le repas nous montons en haute Galilée, vers l’humble Nazareth, celle de Jésus et de Charles de Foucault. Premiers contacts à la source du hameau d’antan sur laquelle l’Eglise orthodoxe a construit une église. En soirée une chrétienne pharmacienne, arabe israélienne engagée dans des associations qui luttent pour les droits des palestiniens et s’engagent pour la paix vient nous partager son expérience. Interpelant !

SAMEDI 12 OCTOBRE 2013

Au matin, sœur Margareth (sœur Stefania pour d'autres) mène le groupe avec humour et détermination dans les sous-sols de son couvent. Les ruines d’églises successives recèlent un trésor inestimable : un tombeau du 1er siècle avec une pierre de meule qui le ferme comme dans le texte de l’évangile.
A deux pas de là l’imposante basilique de l’Annonciation reflète l’universalité de l’Eglise. Les peuples du monde ont contribué à sa construction et offert sculptures et mosaïques de vierges Marie très inculturées : noires, blanches, brunes, aux yeux bridés ou bleu, habillées de sari ou de manteaux, de robes ou de tabliers.

Nous laissons Nazareth pour rejoindre la mer et saint Jean d’Acre tout au nord. La ville portuaire regorge de vie et de marchands. Les souks débordent. Odeurs de poisson et d’épices. Découvertes des trésors croisés, des souterrains, des salles en voûtes d’ogive, des caravansérails et de la mosquée El Jazzar dont la flèche verte du minaret se repère de loin.
Quelques km plus loin, la ville moderne d’Haïfa et son port ouvre un passage aux croisières. Passage furtif au pied des jardins bahaïs et montée sur le mont Carmel où les sœurs de Stella Maris ont préparé nos chambres.

DIMANCHE 13 OCTOBRE 2013

Traversée par le sommet du mont Carmel, via les bâtiments du très moderne et réputé Technicum, jusqu'aux villages druzes qui jouxtent un autre monastère où l’on commémore le prophète Elie qui défie les prophètes de la reine Jézabel. Vue panoramique sur la vallée fertile de Yizréel. Depuis là nous retrouvons la Méditerranée. Un aqueduc romain manifeste les avant-postes de la ville de Césarée Maritime. Cité de Pilate et des procurateurs romains, Saint Paul prisonnier y défendit la foi auprès de Felix ou d’Agrippa.

La cité de Jaffa un peu plus au sud nous fait revivre les aventures rocambolesques de Jonas et plus tard celle des nombreux voyageurs et pèlerins qui, par le port, ont pris contact avec la terre de la Bible.
En route vers Bethléem. Halte à Abu Gosh, un des nombreux Emmaüs possible pour prier les Vêpres avec la communauté monastique française. Le chant des anges.
Repas festif à Bethléem en bordure de cité, face à la provocante colonie d’Har Homa qui trône outrageusement sur une colline jadis garnie d’oliviers. Colère.

LUNDI 14 OCTOBRE 2013

Visite compliquée de l’église compliquée de la Nativité. Des pèlerins en colonnes et des colonnes de patience. Des grottes et des cohues. Jésus, la sainte famille, les bergers, les mages… et saint Jérôme qui vient de Rome traduire la bible pour le peuple chrétien, en latin. Naissance du Christ et naissances par milliers. Un peuple opprimé derrière l’horreur d’un mur laid. L’isolement et les foules de pèlerins qui bravent la frontière. Elans de solidarité.
Un représentant suisse de Caritas nous présente l’hôpital pour lequel nous faisons la quête année après année à la messe de minuit. Un peu de baume sur tant de détresses… et tant de détresses inapprochables, percluses derrières les barbelés de Gaza ou d’Hébron. Nous laissons Bethléem les mains vides, démunis de ce que tant de siècles de civilisations ne parviennent pas encore à guérir. Révolte.

Quelques virages et collines plus tard et s’allument les lumières de Jérusalem. Premiers regards du haut du mont des Oliviers. Splendeurs et désarroi. La ville offre tous les contrastes.
De l’enceinte de l’église du Notre Père, les peuples acclament le Sauveur avec leurs mots qui traduisent les siens.
Dans la vieille ville de nuit une foule de musulmans en liesse fête Aid el Kebir, la grande fête. Défilé de chants et de « chenilles » en mouvement. Trois ruelles plus loin des juifs orthodoxes prient le même Dieu au mur des lamentations.

MARDI 15 OCTOBRE 2013

De l’hôtel nous longeons la muraille de la vielle ville jusqu'à sa partie la plus orientale. Par la porte des lions ou porte de Saint Etienne ou porte de Marie… nous franchissons les siècles et les traditions plurielles. Eglise sainte Anne, mère de Marie, mère de Jésus, joyau de l’époque des Croisades. Méditation silencieuse sous les voûtes à l’acoustique pure. Somptueuse sobriété. Juste à côté, les excavations évoquent Jésus et le paralytique de la piscine de Bethesda mais aussi les cultes païens dédiés à Esculape guérisseur ou les bassins pour laver les brebis sacrifiées. Le temple est à quelques encablures.

Marche lente le long de la via dolorosa avec quelques arrêts pour admirer « le dallage » et les citernes de l’époque d’Hadrien, l’hospice autrichien à l’angle des souks et le sinistre saint Sépulcre dont le nom a banni celui des origines : Anastasis : la coupole de la résurrection. Un bain de paganisme dans ce haut lieu du Golgotha où le Christ continue à être défiguré.
En soirée visite à l’école biblique de Jérusalem où l’un des dominicains enseignants nous reçoit. Présentation des lieux et de l’histoire. Trésors d’archéologie et de savoirs au service de la Parole.

MERCREDI 16 OCTOBRE 2013

Le matin, le musée du Yad Vashem dans la Jérusalem moderne, rappelle silencieusement le drame de la deuxième guerre. La beauté des lieux et de la mise en scène contrastent avec la cruauté des souvenirs et aident à les rendre dignes.
Après le repas de midi, les moins claustrophobes s’aventurent dans le tunnel étroit du roi Ezéchias qui mène à la piscine de Siloé.

Les autres visitent le mont Sion. Tous se retrouvent pour monter une nouvelle fois sur le mont des Oliviers, dans la chapelle des sœurs bénédictines pour célébrer une messe d’envoi.
Dernière sortie nocturne dans les dédales du souk. Dernières impressions.

JEUDI 17 OCTOBRE 2013

Il reste encore un peu de temps avant le départ du vol pour une visite au musée d’Israël : découverte de la maquette de la ville de Jérusalem à l’époque du Christ et du musée du livre dans lequel sont exposés une partie des découvertes de Qumran. Le bâtiment voisin de la Knesset où se réunit le parlement israélien nous laisse admiratif et songeur. C'est là que se joue une part importante du destin de ces peuples. Le terrain appartient encore à l’Eglise orthodoxe. Il appartenait à un monastère. Puisse la prière des moines et des croyants de tous pays porter la vie des habitants de ce pays vers la paix ! Salam ! Shalom

 

Texte : Didier Berret (MERCI !)
Photos : Pascal Tissier (Service d'information catholique - SIC)

 

LE BULLETIN n° 81 décembre 2013

Israel 2013 Le montage publié dans "Le Bulletin" n°81 de décembre 2013

Baby Caritas Hospital de Bethléem

« Nous sommes là », c’est la promesse que s’efforce de tenir - depuis plus de 60 ans - le Baby Caritas Hospital de Bethléem, pour les enfants et les mères des Territoires palestiniens, quelle que soit leur religion et indépendamment de leurs moyens financiers.


Fondé en 1952 par le père Ernst Schnydrig, cet hôpital pédiatrique – qui vit essentiellement de dons - accueille et soigne chaque année plus de 30'000 enfants et bébés.


Pour découvrir l’actualité de cet hôpital extraordinaire et/ou pour faire un don : www.kinderhilfe-bethlehem.ch

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