Jura Pastoral

Le pardon

Quatre noms pour le même sacrement, qui est – avec le sacrement de l’onction des malades – un sacrement de guérison pour tout être humain:

Réconcliation

La vie n'est possible que si nous savons pardonner, nous réconcilier avec nous-mêmes, avec les autres et avec Dieu. Le sacrement de la réconciliation nous invite à reconnaître que l'amour de Dieu nous permet de dépasser les conflits.

Pardon

Sacrement du pardon, parce que par l'absolution du prêtre, Dieu accorde au pénitent le pardon et la paix. Au sens biblique du terme, en général, pardonner signifie une des deux choses suivantes :
1) Quand il pardonne aux hommes, Dieu annule ou écarte le châtiment requis pour le péché ;
2) Lorsqu'ils se pardonnent, les hommes se traitent avec un amour chrétien et n'ont pas de mauvais sentiments à l'égard de ceux qui les ont offensés (Mt 5, 43–45 ; 6, 12–15 ; Lc 17, 3–4).

Confession

Sacrement de la confession, parce que l'aveu, la confession des péchés devant le prêtre est un élément essentiel de ce sacrement.

Pénitence

Sacrement de pénitence, parce qu'il consacre une démarche personnelle et ecclésiale de conversion et de repentir.

Quels sont les symboles du Pardon ?

Le langage symbolique est inépuisable parce qu’il fait référence aux expériences de chacun et chacune d’entre nous. Nous vous invitons ainsi à méditer les symboles du pardon à partir de l’expérience que vous en faites dans votre vie. Il n’y a pas que les symboles à prendre en compte mais aussi les gestes symboliques. Les symboles spécifiques au pardon sont :

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Eclairage sur la pénitence et la réconciliation

Dès le jour de la Pentecôte, après que les Apôtres eurent reçu l'Esprit Saint, c'est la proclamation de la parole de Dieu qui fut le premier acte de l'Église.

Pierre annonce que Dieu a ressuscité Jésus, et les auditeurs, « remués jusqu'au fond d'eux-mêmes », demandèrent : « Frères, que devons-nous faire ? Pierre leur répondit : Convertissez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour obtenir le pardon de ses péchés. » (Actes 2, 37-38)

L'annonce de la Pâque du Christ, l'appel à la conversion et l'offre du pardon dans la démarche sacramentelle qui réconcilie, tel est le cœur de la mission de l'Église. L'Église est le premier sacrement de la réconciliation.

 
La parole de Dieu

C'est, bien sûr, l'amour miséricordieux de Dieu qui est au commencement de tout, mais cet amour, c'est la Parole qui nous le révèle ; l'Alliance pascale, c'est la Parole qui nous l'annonce ; l'infidélité, c'est la Parole qui la dénonce ; la réconciliation, c'est la Parole jointe au geste sacramentel qui la réalise.

"Au commencement était le Verbe. » (Jean 1, 1) Au commencement est la Parole. Nous pourrions voir le rôle de la parole du prophète Nathan dans la conversion du roi David (2 Samuel 12). Nous voyons le rôle de la parole de Pierre dans les premières conversions de la Pentecôte. Il en est, il en sera toujours ainsi dans l'Église."

L'expérience humaine peut faire prendre conscience qu'il y a un Dieu créateur, mais c'est la parole de Dieu qui nous révèle qui est le Dieu de Jésus Christ et ce qu'il a fait et fait encore pour la réconciliation des hommes avec lui.

L'expérience humaine nous apprend le mal, mais pas le péché. C'est la parole de Dieu qui nous révèle le péché comme rupture d'Alliance, comme défiguration de l'image de l'homme tel que Dieu le veut, et comme atteinte et offense à Dieu.

L'expérience humaine peut nous faire saisir la nécessité de la réconciliation et de la paix, mais c'est la parole de Dieu qui nous révèle que, s'il y a réconciliation, c'est que nous sommes pécheurs et que nous avons besoin d'être pardonnés.

La conversion du coeur

La conversion est le fruit de la Parole. Elle n'est pas qu'un simple regret, un remords, un sentiment de culpabilité. Elle est un changement radical de vie, un retournement du cœur et de l'esprit (métanoïa en grec), que l'homme décide de faire, pour répondre à la parole de Dieu qu'il a entendue et qui l'a transformé.

La conversion engage la pénitence, qui en est la réalisation en actes : tel changement, tel arrêt de ceci, ou telle mise en route de cela, selon ce qu'était « ma vie » avant ; mais aussi la prière, le jeûne et le partage.

La conversion est bien le fait de celui qui se convertit, mais elle est le fruit du travail de l'Esprit Saint en lui, par la Parole.

Source : Claude Duchesneau - Article extrait de la revue Célébrer n° 286

Le péché dans le catéchisme de l'Eglise catholique

I. La miséricorde et le péché

1846 L’Evangile est la révélation, en Jésus Christ, de la miséricorde de Dieu pour les pécheurs (cf. Lc 15). L’ange l’annonce à Joseph : " Tu lui donneras le nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés " (Mt 1,21). Il en va de même de l’Eucharistie, sacrement de la Rédemption : " Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés " (Mt 26,28).

1847 " Dieu nous a créés sans nous, il n’a pas voulu nous sauver sans nous " (S. Augustin, serm. 169, 11, 13 : PL 38, 923). L’accueil de sa miséricorde réclame de nous l’aveu de nos fautes. " Si nous disons : ‘Nous n’avons pas de péché’, nous nous abusons, la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, Il est assez fidèle et juste pour remettre nos péchés et nous purifier de toute injustice " (1 Jn 1,8-9).

1848 Comme l’affirme saint Paul : " Où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé ". Mais pour faire son œuvre, la grâce doit découvrir le péché pour convertir notre cœur et nous conférer " la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ Notre Seigneur " (Rm 5,20-21). Tel un médecin qui sonde la plaie avant de la panser, Dieu, par sa Parole et par son Esprit, projette une lumière vive sur le péché :

La conversion requiert la mise en lumière du péché, elle contient en elle-même le jugement intérieur de la conscience. On peut y voir la preuve de l'action de l'Esprit de vérité au plus profond de l'homme, et cela devient en même temps le commencement d'un nouveau don de la grâce et de l'amour : " Recevez l'Esprit Saint ". Ainsi, dans cette " mise en lumière du péché " nous découvrons un double don : le don de la vérité de la conscience et le don de la certitude de la rédemption. L'Esprit de vérité est le Consolateur (DeV 31).

II. La définition du péché

1849 Le péché est une faute contre la raison, la vérité, la conscience droite ; il est un manquement à l’amour véritable, envers Dieu et envers le prochain, à cause d’un attachement pervers à certains biens. Il blesse la nature de l’homme et porte atteinte à la solidarité humaine. Il a été défini comme " une parole, un acte ou un désir contraires à la loi éternelle " (S. Augustin, Faust. 22, 27 : PL 42, 418 ; S. Thomas d’A., s. th. 1-2, 71, 6).

1850 Le péché est une offense de Dieu : " Contre toi, toi seul, j’ai péché. Ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait " (Ps 51, 6). Le péché se dresse contre l’amour de Dieu pour nous et en détourne nos cœurs. Comme le péché premier, il est une désobéissance, une révolte contre Dieu, par la volonté de devenir " comme des dieux ", connaissant et déterminant le bien et le mal (Gn 3, 5). Le péché est ainsi " amour de soi jusqu’au mépris de Dieu " (S. Augustin, civ. 14, 28). Par cette exaltation orgueilleuse de soi, le péché est diamétralement contraire à l’obéissance de Jésus qui accomplit le salut (cf. Ph 2,6-9).

1851 C’est précisément dans la Passion où la miséricorde du Christ va le vaincre, que le péché manifeste le mieux sa violence et sa multiplicité : incrédulité, haine meurtrière, rejet et moqueries de la part des chefs et du peuple, lâcheté de Pilate et cruauté des soldats, trahison de Judas si dure à Jésus, reniement de Pierre et abandon des disciples. Cependant, à l’heure même des ténèbres et du Prince de ce monde (cf. Jn 14,30), le sacrifice du Christ devient secrètement la source de laquelle jaillira intarissablement le pardon de nos péchés.

III. La diversité des péchés

1852 La variété des péchés est grande. L’Écriture en fournit plusieurs listes. L’épître aux Galates oppose les œuvres de la chair au fruit de l’Esprit : " On sait bien tout ce que produit la chair : fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, disputes, dissensions, scissions, sentiments d’envie, orgies, ripailles et choses semblables - et je vous préviens, comme je l’ai déjà fait, que ceux qui commettent ces fautes là n’hériteront pas du Royaume de Dieu " (5, 19-21 ; cf. Rm 1,28-32 ; 1 Co 6, 9-10 ; Ep 5,3-5 ; Col 3,5-8 ; 1 Tm 1, 9-10 ; 2 Tm 3,2-5).

1853 On peut distinguer les péchés selon leur objet, comme pour tout acte humain, ou selon les vertus auxquelles ils s’opposent, par excès ou par défaut, ou selon les commandements qu’ils contrarient. On peut les ranger aussi selon qu’ils concernent Dieu, le prochain ou soi-même ; on peut les diviser en péchés spirituels et charnels, ou encore en péchés en pensée, en parole, par action ou par omission. La racine du péché est dans le cœur de l’homme, dans sa libre volonté, selon l’enseignement du Seigneur : " Du cœur en effet procèdent mauvais desseins, meurtres, adultères, débauches, vols, faux témoignages, diffamations. Voilà les choses qui rendent l’homme impur " (Mt 15,19). Dans le cœur réside aussi la charité, principe des œuvres bonnes et pures, que blesse le péché.

IV. La gravité du péché : péché mortel et véniel

1854 Il convient d’apprécier les péchés selon leur gravité. Déjà perceptible dans l’Écriture (cf. 1 Jn 5,16-17), la distinction entre péché mortel et péché véniel s’est imposée dans la tradition de l’Église. L’expérience des hommes la corrobore.
1855 Le péché mortel détruit la charité dans le cœur de l’homme par une infraction grave à la loi de Dieu ; il détourne l’homme de Dieu, qui est sa fin ultime et sa béatitude en Lui préférant un bien inférieur.
Le péché véniel laisse subsister la charité, même s’il l’offense et la blesse.
1856 Le péché mortel, attaquant en nous le principe vital qu’est la charité, nécessite une nouvelle initiative de la miséricorde de Dieu et une conversion du cœur qui s’accomplit normalement dans le cadre du sacrement de la Réconciliation :
Lorsque la volonté se porte à une chose de soi contraire à la charité par laquelle on est ordonné à la fin ultime, le péché par son objet même a de quoi être mortel... qu'il soit contre l'amour de Dieu, comme le blasphème, le parjure, etc. ou contre l'amour du prochain, comme l'homicide, l'adultère, etc ... En revanche, lorsque la volonté du pécheur se porte quelquefois à une chose qui contient en soi un désordre mais n'est cependant pas contraire à l'amour de Dieu et du prochain, tel que parole oiseuse, rire superflu, etc., de tels péchés sont véniels (S. Thomas d'A., s. th. 1-2, 88, 2).
1857 Pour qu’un péché soit mortel trois conditions sont ensemble requises : " Est péché mortel tout péché qui a pour objet une matière grave, et qui est commis en pleine conscience et de propos délibéré " (RP 17).
1858 La matière grave est précisée par les Dix commandements selon la réponse de Jésus au jeune homme riche : " Ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère " (Mc 10,18). La gravité des péchés est plus ou moins grande : un meurtre est plus grave qu’un vol. La qualité des personnes lésées entre aussi en ligne de compte : la violence exercée contre les parents est de soi plus grave qu’envers un étranger.
1859 Le péché mortel requiert pleine connaissance et entier consentement. Il présuppose la connaissance du caractère peccamineux de l’acte, de son opposition à la Loi de Dieu. Il implique aussi un consentement suffisamment délibéré pour être un choix personnel. L’ignorance affectée et l’endurcissement du cœur (cf. Mc 3,5-6 ; Lc 16,19-31) ne diminuent pas, mais augmentent le caractère volontaire du péché.
1860 L’ignorance involontaire peut diminuer sinon excuser l’imputabilité d’une faute grave. Mais nul n’est censé ignorer les principes de la loi morale qui sont inscrits dans la conscience de tout homme. Les impulsions de la sensibilité, les passions peuvent également réduire le caractère volontaire et libre de la faute, de même que des pressions extérieures ou des troubles pathologiques. Le péché par malice, par choix délibéré du mal, est le plus grave.
1861 Le péché mortel est une possibilité radicale de la liberté humaine comme l’amour lui-même. Il entraîne la perte de la charité et la privation de la grâce sanctifiante, c’est-à-dire de l’état de grâce. S’il n’est pas racheté par le repentir et le pardon de Dieu, il cause l’exclusion du Royaume du Christ et la mort éternelle de l’enfer, notre liberté ayant le pouvoir de faire des choix pour toujours, sans retour. Cependant si nous pouvons juger qu’un acte est en soi une faute grave, nous devons confier le jugement sur les personnes à la justice et à la miséricorde de Dieu.
1862 On commet un péché véniel quand on n’observe pas dans une matière légère la mesure prescrite par la loi morale, ou bien quand on désobéit à la loi morale en matière grave, mais sans pleine connaissance ou sans entier consentement.
1863 Le péché véniel affaiblit la charité ; il traduit une affection désordonnée pour des biens créés ; il empêche les progrès de l’âme dans l’exercice des vertus et la pratique du bien moral ; il mérite des peines temporelles. Le péché véniel délibéré et resté sans repentance nous dispose peu à peu à commettre le péché mortel. Cependant le péché véniel ne rompt pas l’Alliance avec Dieu. Il est humainement réparable avec la grâce de Dieu. " Il ne prive pas de la grâce sanctifiante ou déifiante et de la charité, ni par suite, de la béatitude éternelle " (RP 17) :
L'homme ne peut, tant qu'il est dans la chair, éviter tout péché, du moins les péchés légers. Mais ces péchés que nous disons légers, ne les tiens pas pour anodins : si tu les tiens pour anodins quand tu les pèses, tremble quand tu les comptes. Nombre d'objets légers font une grande masse ; nombre de gouttes emplissent un fleuve ; nombre de grains font un monceau. Quelle est alors notre espérance ? Avant tout, la confession ... (S. Augustin, ep. Jo. 1, 6).

1864 " Tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas remis " (Mt 12,31 ; cf. Mc 3,29 ; Lc 12,10). Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit Saint (cf. DeV 46). Un tel endurcissement peut conduire à l’impénitence finale et à la perte éternelle.

V. La prolifération du péché

1865 Le péché crée un entraînement au péché ; il engendre le vice par la répétition des mêmes actes. Il en résulte des inclinations perverses qui obscurcissent la conscience et corrompent l’appréciation concrète du bien et du mal. Ainsi le péché tend-il à se reproduire et à se renforcer, mais il ne peut détruire le sens moral jusqu’en sa racine.
1866 Les vices peuvent être rangés d’après les vertus qu’ils contrarient, ou encore rattachés aux péchés capitaux que l’expérience chrétienne a distingués à la suite de S. Jean Cassien et de S. Grégoire le Grand (mor. 31, 45 : PL 76, 621A). Ils sont appelés capitaux parce qu’ils sont générateurs d’autres péchés, d’autres vices. Ce sont l’orgueil, l’avarice, l’envie, la colère, l’impureté, la gourmandise, la paresse ou acédie.
1867 La tradition catéchétique rappelle aussi qu’il existe des " péchés qui crient vers le ciel ". Crient vers le ciel : le sang d’Abel (cf. Gn 4, 10) ; le péché des Sodomites (cf. Gn 18, 20 ; 19, 13) ; la clameur du peuple opprimé en Egypte (cf. Ex 3, 7-10) ; la plainte de l’étranger, de la veuve et de l’orphelin (cf. Ex 22, 20-22) ; l’injustice envers le salarié (cf. Dt 24, 14-15 ; Jc 5,4).
1868 Le péché est un acte personnel. De plus, nous avons une responsabilité dans les péchés commis par d’autres, quand nous y coopérons :

- en y participant directement et volontairement ;
- en les commandant, les conseillant, les louant ou les approuvant ;
- en ne les révélant pas ou en ne les empêchant pas, quand on y est tenu ;
- en protégeant ceux qui font le mal.
1869 Ainsi le péché rend les hommes complices les uns des autres, fait régner entre eux la concupiscence, la violence et l’injustice. Les péchés provoquent des situations sociales et des institutions contraires à la Bonté divine. Les " structures de péché " sont l’expression et l’effet des péchés personnels. Elles induisent leurs victimes à commettre le mal à leur tour. Dans un sens analogique elles constituent un " péché social " (cf. RP 16).
 

Agenda et messes

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